Un partenariat de masse pour faire face au vieillissement de la population

Les billets précédents mettent en évidence deux grands points : le processus est mondial, touche tous les pays du monde et les gouvernements restent les premiers acteurs des actions à entreprendre.

Le rapport de la Commission Économique des Nations Unies pour l’Europe illustre les défis futurs au regard du vieillissement de la population : « Nous devrons faire des efforts pour adapter les systèmes de protection sociale, le marché du travail, la santé et les soins médicaux. ». Bien que le rapport concernait spécifiquement l’Europe, on constate que son contenu, dont les défis futurs, a une portée mondiale.

Les efforts d’adaptation des gouvernements sont convergents malgré des différences dans leurs mises en application. Les actions du secteur privé au regard du vieillissement de la population se font en accord avec les décisions étatiques aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voie de développement.

Aux Etats-Unis le taux de fécondité et l’immigration resteront élevés. Conséquemment les changements entrepris seront moins importants que ceux des pays de l’OCDE. Ce pays a de plus réussi à faire participer le secteur privé dans le dispositif d’épargne depuis 1978 grâce aux plans à cotisations, les 401 (k) , qui disposaient dès 1997 du triple des fonds du Social Security Trust Fund. Cette mesure permet à des institutions privées, dotées de régimes plus souples, de recueillir les épargnes des travailleurs. Avec un tel succès, le secteur privé aura beaucoup à gagner dans les infrastructures ,destinées aux seniors, mais qui tirent déjà profit de la vitalité des jeunes (et moins jeunes) travailleurs. De plus l’épargne dans le privé est moins soumis aux aléas de l’économie nationale. Cet argument constitue une des forces les plus importantes des institutions privées face aux mesures nationales.

social_security_iiDans le cas du Québec, les évènements récents ont  été moins favorables pour les seniors. Si le plan 401 (k) américain a connu une continuité sous différentes administrations, la grève récente des étudiants, relative à la hausse des frais de scolarité, a obligé le gouvernement Marois à faire un choix. Les compromis ont été plus favorables aux étudiants et ont vu réduire le budget destinés aux seniors. Toutefois, le gouvernement reconnaît le potentiel des travailleurs seniors expérimentés qui peuvent faire profiter la société dans tous les secteurs. Ainsi le gouvernement veut mettre en place l’annulation de la hausse des crédits d’impôts et reporter l’entrée en vigueur de la taxe sur la masse salariale pour prolonger la vie active des seniors et encourager les employeurs à tirer profit de l’expérience. Avec le nombre important de Petites et Moyennes Entreprises au Québec, les entrepreneurs ont tout à gagner ne serait-ce qu’en employant les seniors. Ces derniers aussi pourront profiter de mesures financières compensatrices des réductions gouvernementales en acceptant de rester dans la vie active.

Pour les pays du Sud, les mesures se trouvent plus dans les changements infrastructurels et sociaux. Avec des capacités économiques différentes et des contraintes temporelles pressantes, les gouvernements du Sud agissent plus sur le quotidien, sur le tangible.

Le cas de la Thaïlande est  intéressant. Les enfants y sont en effet éduqués pour prendre soin de leurs parents dans leurs vieux jours. Bien que cette pratique ait toujours fonctionné, les évolutions récentes de l’économie mondiale et surtout le vieillissement de la population (réduction du nombre de jeunes) ont incité le gouvernement à mettre en place un fonds de pension national.  Et pourtant cette mesure est bien loin de suffire comme le montrent les autres pays en développement. La Thaïlande a ainsi mis en place d’autres mesures : la construction des centres de santé primaires et la promotion de modes de vie plus sains.  BLT-12-020212-FbMesures courantes en Occident, ces pratiques pourront être plus efficaces en Thaïlande : en adoptant des modes de vie sains dans des centres spécialisés, la population qui commence à vieillir trouvera tirera profit des centres de santé primaires et n’aura pas besoin d’infrastructures onéreuses. Les dépenses futures pourront  être réduites à condition que la population veut aussi prendre soin d’elle même.

Au Brésil, pays dont l’économie est dynamique, l’action est plus mis sur la promotion des modes de vie sains que sur la mise en place des fonds de pensions ou de retraites nationaux. Avec une hausse de 300% du nombre de seniors en 2050, pour atteindre 49 millions , le gouvernement veut construire ,avant 2021, 4000 académies de santé pour promouvoir les exercices physiques des seniors. Cette mesure veut surtout combattre les fléaux des maladies non-transmissibles qui ne bénéficient pas encore de fonds de recherches adéquats.

Talk-to-old-people

Ces illustrations montrent que les mesures prises par les gouvernements sont dictées par les contraintes financières et budgétaires actuelles et futures. La situation économique mondiale ne permet plus à aux gouvernements d’agir en tant qu’État Providence. En prenant des mesures préventives, qui sont plus axées sur la participation des (futurs) seniors, les États mettent aussi à contribution les initiatives privées. Ces dernières se traduisent dans les constructions d’infrastructures et la mise en place de services pour les personnes du troisième âge. Mais les gouvernements veulent surtout faire comprendre à la population en général que les seniors peuvent aussi rendre service à la société notamment en mettant à profit leurs expériences professionnelles.  En définitive, les succès aussi bien des gouvernements que du secteur privé (au regard du profit) dépendent de la collaboration des acteurs économiques, étatiques et de la population.

Sources

Commission des Nations Unies pour l’Europe, Vieillissement de la population : défis et opportunités, UNECE, 2007

Organisation Mondiale de la Santé, Vieillissement de la population et soins de santé, Février 2011

Richard Herd, Faire face aux conséquences du vieillissement, OCDE

Vézina, Entre les jeunes et les vieux, le gouvernement a choisi, les affaires, 2012

Une réflexion sur “Un partenariat de masse pour faire face au vieillissement de la population

  1. Bonjour et félicitations pour votre blogue bien intéressant! En lisant le titre de votre billet, j’ai tout de suite vu un problème dans l’interprétation de la situation de la société envers ses membres plus âgés. Ensuite je tiens à vous partager mon point de vue sur la vieillesse telle que je la prévois pour ma vie!

    Voici donc mon argumentaire en deux parties:

    1) Nous devons considérer les aînés selon ce qu’ils ont apporté, et peuvent nous apporter.

    Faire face sous-entend qu’il y a un problème avec le vieillissement, alors que le problème est que ces aînés soient ostracisés. On devrait pouvoir vivre dans une société ou tous ont la même considération sans égard à l’âge et plutôt baser la considération selon ce que la personne a offert par le passé et peut toujours offrir. Dans le cas des enfants, on croit en leur potentiel alors on tente de le développer au maximum. Dans le cas de nos aînés, il s’agirait non pas de voir qu’ils sont moins en mesure de contribuer à la société tels que le font les travailleurs actifs, mais plutôt comme ce qu’ils ont déjà apporté à la société, comment ils l’ont construite. Car si nous vivons dans le monde tel qu’on le voit aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à eux. Bien sûr notre monde n’est pas parfait, mais il est loin d’être l’enfer.

    Ensuite il s’agit de voir ce que les aînés ont toujours à offrir. Vous parlez dans votre article notamment des PME au Québec (1). Tout d’abord, les mesures fiscales encourageant l’emploi de seniors est une très bonne nouvelle. Mais les PME devraient déjà avoir vu le potentiel offert par la génération plus âgée. Ces seniors ont une expérience de vie incroyable et une fois à la retraite ont souvent beaucoup de temps libre. Il s’agirait alors d’un accord parfait afin de se lancer dans de nouveaux projets. Après avoir passé toute sa vie à faire un boulot qui peut-être ne leur plaisait pas autant qu’ils le désiraient, les retraités ont la chance, lorsqu’ils font le grand saut, de pouvoir explorer d’autres avenues de carrière!

    J’offre ici l’exemple de mon propre père, qui prendra bientôt sa retraite après une carrière de quelques 40 années en tant que dentiste. Il m’a lui-même énoncé son idée qu’il allait sans doute, lorsqu’il sera à la retraite, simplement tenter de mettre l’emphase sur sa créativité et son ingéniosité afin de créer quelque chose de potentiellement commercialisable. Il m’a aussi fait part de son intérêt envers moi afin de bien l’aiguiller dans tous le processus. Ce projet m’a beaucoup impressionné et j’ai très envie qu’il se concrétise! J’ai la chance de prendre part à un projet constructif intergénérationnel mettant en lien un père nouvellement à la retraite qui aura du temps pour développer de nouvelles passions basées sur ses talents ainsi que son fils qui fera bientôt son entrée dans l’univers des affaires et le monde du travail.

    2) Nous devons conscientiser la population à adopter de saines habitudes de vie afin de devenir des aînés productifs, au lien de fardeaux médicaux.

    Par le passé l’espérance de vie était moindre alors bien souvent les plus jeunes n’avaient pas à faire face à leurs ainées qui se sont presque consciemment mis mal en point. Aujourd’hui les progrès en médecine ont fait en sorte qu’ile st possible de prolonger la vie de ces personnes. La preuve réside entre autre dans le fait que dans les pays les moins avancés, la où la médecine moderne n’a pas encore pris sa place, le pourcentage de population de 65 ans et plus est de 3 à 4% (2).

    Je crois qu’il s’agit d’une «utilisation abusive» de la médecine moderne que de s’y fier afin de rattraper les négligences du passé. Ces négligences sont un énorme poids social qui doit être supporté par la société sans que cette dernière n’en ait eu le choix. Ces aînés ont négligé tranquillement leur vie et se retrouvent dans une situation problématique où il est possible de prolonger leur vie sans que leur corps puisse leur permettre de la vivre pleinement. Ces innombrables cas médicaux engorgent de façon évidente nos services de santé, détournant ainsi des soins essentiels à des personnes qui font face à la maladie bien malgré eux. De plus, le coût financier de supporter ces aînés qui se sont négligés est inimaginable.

    Pourtant, il n’est pas très compliqué de mener une vie qui vous permettra de maximiser votre santé en tant que personne vieillissante, et surtout vivre votre vie pleinement au lieu d’être piqué et couché sur un lit d’hôpital à attendre que la mort réussisse à vous arracher aux mains de la médecine. La solution réside à mon avis dans la prévention auprès de chaque génération. Car toute personne peut toujours améliorer un tant soit peu son état. Bien sûr les jeunes ont plus de temps et de vigueur, mais une personne plus âgée (3) (par exemple un baby-boomer) ou même aînée peut changer sa vie et voir des résultats positifs en étant plus actif et en ayant de saines habitudes de vie. Voici à ce sujet un article de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC :

    http://www.fmcoeur.qc.ca/site/c.kpIQKVOxFoG/b.8555485/k.62B8/Les_Canadiens_et_Canadiennes_passeront_les_dix_derni232res_ann233es_de_leur_vie_avec_la_maladie.htm

    Pour ce qui est de la prévention, voici une publicité de la Fondation des maladies du cœur et AVC (4) qui m’a interpellé et qui expose très bien ce dont j’ai discuté dans mon commentaire :

    Personnellement, j’ai songé à la maxime plutôt négative «LIVE FAST & DIE YOUNG», qui s’applique souvent à la vie de plusieurs personnes, en général dans la fleur de l’âge. J’ai modifié cette maxime afin de l’améliorer et surtout maximiser la vie qui l’accompagne.
    «LIVE FAST, BUT LIVE GOOD SO YOU CAN LIVE LONG»

    Somme toute, il s’agit d’un sujet chaud et souvent négligé par la société d’aujourd’hui qui tend de plus en plus à vouloir fuir la vieillesse afin de rester jeune. Ceci principalement (et bizarrement) en voulant «avoir l’air» jeune (surtout physiquement), alors qu’on sait tous que l’on remarque la vraie jeunesse des gens selon ce qu’ils pensent bien plus que selon leur apparence! Notez bien que la proportion de la population canadienne de 65 ans et plus évoluera constamment à la hausse pour passer aujourd’hui d’environ 15% à 27% et plus en 2056! Lee deux parties de mon commentaires sont directement touchées : nous avons clairement intérêt à considérer les aînés selon ce qu’ils peuvent nous apporter, et nous devons surtout développer une génération aînée la plus en santé possible!

    Au plaisir de lire votre réaction!

    Simon Lefebvre

    _______________________

    (1) Sociétés vieilissantes, «Un partenaire de masse pour faire face au vieillissement de la population», 31 mars 2013, disponible en ligne à l’adresse suivante : https://societesvieillissantes.wordpress.com/2013/03/31/un-partenariat-de-masse-pour-faire-face-au-vieillissement-de-la-population/ (dernière consultation le 14 avril 2013)

    (2) Statistiques Canada, «Un portrait des aînés au Canada», 2006, disponible à l’adresse suivante : http://www.statcan.gc.ca/pub/89-519-x/89-519-x2006001-fra.pdf (dernière consultation le 14 avril 2013)

    (3) FMC, «Les Canadiens et Canadiennes passeront les dix dernières années de leur vie avec la maladie», février 2013, Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, disponible en ligne à l’adresse suivante : http://www.fmcoeur.qc.ca/site/c.kpIQKVOxFoG/b.8555485/k.62B8/Les_Canadiens_et_Canadiennes_passeront_les_dix_derni232res_ann233es_de_leur_vie_avec_la_maladie.htm (dernière consultation le 14 avril 2013)

    (4) HSF, «Pour vivre longtemps… en santé. À quoi ressembleront vos 10 dernières années de vie?», 4 février 2013, page Youtube – Heart and Stroke Foundation, disponible en ligne à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=QTDzbmeKFd8#! (dernière consultation le 14 avril 2013)

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